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La démarche

2017/2027 :
voir plus loin, voir plus clair

France Stratégie a notamment pour mission d’éclairer les débats et de proposer une réflexion sur l’avenir. C’est dans ce cadre que s’inscrit le projet « 2017/2027 », qui vise à élucider les enjeux de la prochaine élection présidentielle et, au-delà, ceux de la prochaine décennie. En adoptant une perspective décennale, une approche thématique et une démarche transparente, nous nous attacherons à fournir les éléments de choix collectifs informés en publiant, sur une série de thèmes qui nous ont paru essentiels, un diagnostic étayé et un inventaire des options envisageables.

 

Un besoin d'éclairage

L’élection présidentielle n’a pas pour seul objet de désigner un dirigeant à la tête du pays. Le débat qui la précède est aussi, pour les Français, l’occasion de clarifier les choix essentiels qui devront guider les politiques publiques pendant plusieurs années.

Le contexte général rend cette clarification à la fois plus nécessaire et plus difficile qu’à l’accoutumée. La France est aujourd’hui menacée dans sa sécurité et incertaine de l’avenir de son environnement européen. Même si la croissance se redresse, en 2017 le revenu par tête aura tout juste retrouvé le niveau auquel il se situait dix ans plus tôt, et le taux de chômage sera encore historiquement élevé. Le pays verra coexister une moitié prospère et relativement confiante, et une moitié appauvrie et inquiète. Il fera face aux profonds bouleversements économiques et sociaux induits par la technologie. Les choix à opérer seront difficiles parce que les ressources publiques sont rares et déjà très sollicitées.

C’est d’abord aux candidats eux-mêmes et aux partis qui les soutiennent qu’il reviendra d’offrir une lecture de la situation du pays, de sélectionner les priorités, de formuler des propositions, de les articuler au sein de programmes. Mais ils le feront avec d’autant plus de clarté, de précision et de franchise qu’auront été réunis, et versés au débat public, des faits incontestables, des évaluations objectives, des éléments de diagnostic prospectif, et des analyses étayées des différentes options.

Les media, qui auront la lourde tâche de commenter et de décrypter les propositions des candidats, d’examiner leur cohérence et de révéler leurs impasses, auront également besoin de pouvoir s’appuyer sur des travaux prospectifs. Enfin, ce sont les citoyens eux-mêmes qui bénéficieront d’un tel éclairage sur les enjeux des choix qui leur sont soumis.

Diverses seront les institutions qui concourront à apporter leur substrat aux choix politiques à venir. Il faut en tout cas l’espérer. Plus riche sera ce matériau, plus complet sera l’examen des faits, plus le débat politique pourra être à la hauteur des défis qui attendent le pays.

L'apport de France Stratégie

France Stratégie a reçu pour mission de « favoriser la concertation, l’élaboration d’analyses et de scénarios partagés et la large participation de l’ensemble de la société française à la réflexion sur l’avenir », à partir notamment de « travaux de prospective permettant d’éclairer les pouvoirs publics sur les trajectoires possibles à moyen et long terme pour la France »[1].

À l’approche d’une échéance électorale majeure, son rôle ne saurait être de proposer un projet englobant. Il s’agit bien plutôt de fournir, domaine par domaine et de manière strictement non partisane, une analyse de la situation, un inventaire des défis à venir, et un éclairage sur les enjeux prospectifs, puis de délimiter les grands arbitrages qui s’offrent à nous pour les années à venir. Il n’est pas question de dire aux Français ce qu’ils doivent faire, moins encore ce qu’ils seront demain. L’objet de cette démarche est à la fois moins normatif et plus exigeant : dégager, à partir de travaux thématiques, ce qui peut constituer une base solide pour des discussions éclairées.

[1] Décret 2013-333 du 22 avril 2013 : https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000027343503&categorieLien=id

Pour ce faire, France Stratégie se veut fidèle aux principes qui gouvernent sa démarche, et retiendra ainsi :

  • Une perspective décennale. Le choix d’un horizon de dix ans, plus long que celui de la mandature, invite à l’ambition en même temps qu’il permettra de ne pas circonscrire l’exercice au prochain quinquennat. Il rappelle également que les choix qui sont faits lors des grands rendez-vous démocratiques engagent pour longtemps et que les responsables politiques peuvent être jugés sur leur capacité à préparer le pays pour l’avenir ;
  • Une approche analytique, qui fournisse, thème par thème, sur un champ étendu correspondant à ses domaines de compétence, les outils d’un diagnostic étayé et un examen des options possibles ;
  • Une démarche transparente qui permette à chacun de s’approprier les éléments fournis et de s’en servir pour ses propres réflexions (mise à disposition des données utilisées et ouverture d’espaces de discussion) ;
  • Une méthode d’élaboration qui fasse place à la concertation et au débat, et qui implique un ensemble diversifié de points de vue et de parties prenantes.

Les thèmes

La croissance mondiale d’une décennie à l’autre

La décennie 2007-2016 aura été marquée par une profonde crise financière et un ralentissement important de la croissance mondiale. En 2017, un certain nombre des facteurs de perturbation se seront affadis, mais d’autres (vieillissement, endettement, ralentissement des émergents, aléas sur la productivité, transition énergétique et instabilité du contexte géopolitique) pèseront sur les perspectives. Quelle sera la résultante de ces forces contradictoires ?

Nouvelles formes du travail et de la protection des actifs

À quoi ressemblera le travail demain ? Serons-nous tous entrepreneurs nomades ? Le contrat commercial aura-t-il remplacé le contrat de travail ? Les carrières « intermittentes » vont-elles devenir la règle et signeront-elles la fin du CDI ? Ces questions, suscitées notamment par la révolution technologique et par la numérisation de l’économie, renouvèlent une réflexion ancienne sur l’avenir du travail et interrogent sur la nécessité d’adapter les systèmes de protection des actifs (droit du travail et protection sociale).

Compétitivité : que reste-t-il à faire ?

La crise de la zone euro a révélé l’ampleur des désajustements de compétitivité et a montré l’importance des efforts nécessaires pour les corriger. Dans ce contexte, la France a mis en oeuvre ces dernières années une politique visant à rétablir sa compétitivité. Le problème est-il désormais derrière nous, ou au contraire toujours présent ? Qu’en est-il de la compétitivité-prix, de la compétitivité horsprix et de la régulation de la zone euro ?

Jeunesse, vieillissement : quelles politiques ?

Alors que la situation relative des jeunes se dégrade depuis plusieurs années (niveau de vie, emploi, logement, etc.), on assiste à une croissance des dépenses publiques concentrée sur les classes d’âge les plus élevées – financée par de l’endettement. Malgré les réformes successives de notre système de retraite et de notre système de soins, ces évolutions devraient se prolonger dans les années à venir. Faut-il rééquilibrer les transferts publics en direction des plus jeunes alors que nous devrons faire face à des besoins accrus liés au vieillissement ?

Tirer parti de la révolution numérique

La transformation numérique est un enjeu de premier rang pour les modes de vie, l’organisation du travail, mais aussi la place de la France dans le monde. Pour en tirer parti, on ne saurait se contenter de l’attendre. La société française peut, dans toutes ses composantes, mettre en avant ses atouts (infrastructures, ingénieurs, déploiement des usages, etc.) ; mais les organisations, entreprises comme administrations, doivent s’engager encore davantage dans ce mouvement. Comment concilier, à terme, la construction d’un écosystème favorable au développement de l’économie numérique et la garantie des principes qui fondent la société française (protection sociale, éducation publique, protection de la vie privée, etc.) ?

Europe : sortir de l’ambigüité constructive ?

L’Europe traverse une quadruple crise : crise de l’euro qui n’est pas réellement résolue, crise des réfugiés, crise sécuritaire, et crise existentielle qui, née d’une performance économique médiocre et de visions divergentes du projet européen, conduit certains pays et une part croissante des populations à contester les finalités et jusqu’à la pertinence de l’entreprise européenne. Sur ces quatre fronts, la décennie qui vient sera déterminante. Il est ainsi indispensable de clarifier les enjeux, de définir des scénarios pour l’avenir européen, et de préciser les options pour la France.

Modèle de développement et répartition du revenu

En matière de répartition du revenu et d’inégalités, la France fait figure d’exception : le partage du revenu ne s’est pas déformé en faveur du capital comme cela a été le cas dans beaucoup de pays, et les inégalités ont sensiblement moins augmenté qu’ailleurs. Cependant elle n’échappe pas aux transformations technologiques et économiques qui affectent les économies avancées. De nouvelles questions se posent : faut-il repenser l’arbitrage entre efficacité et égalité dans une économie d’innovation ? Quel peut être le rôle de la fiscalité ? Comment assurer l’équité entre générations ?

Quelles priorités éducatives ?

Les attentes des Français à l’égard du système éducatif sont fortes, multiples, et apparaissent largement déçues – et les comparaisons internationales étayent ce sentiment. Nos défaillances ont un coût social considérable, ce qui justifie d’opter pour une logique de dépenses préventives, et donc de se projeter sur le long terme. Pour fixer des objectifs, il convient de commencer par définir les finalités que l’on assigne à l’École et d’identifier ce qui, dans l’état actuel du système éducatif, dysfonctionne et doit être réformé : formation et carrières des enseignants, programmes, pédagogie, gouvernance des établissements et de l’administration, affectation et suivi des élèves… Il faut ensuite examiner l’allocation et l’efficacité de l’investissement collectif dans l’éducation.

Dette, déficit, dépense : perspectives pour les finances publiques

Le niveau et les priorités de la dépense publique sont au coeur des débats politiques, comme le sont le niveau et la tendance de l’endettement. Aujourd’hui, la dépense publique est plus forte en France que chez ses partenaires, sans que l’on sache toujours bien dans quelle mesure cet écart s’explique par des choix collectifs ou par des différences d’efficacité. Au cours des dix prochaines années, plusieurs évolutions majeures sont susceptibles d’affecter – en positif ou en négatif – les risques économiques et sociaux et la dépense publique : perspectives macroéconomiques et financières, changement climatique, vieillissement, immigration, développement du numérique, etc. Il s’agira d’abord d’apprécier les conséquences pour la gestion des finances publiques des changements possibles du contexte économique et financier, ensuite de prendre la mesure des effets des mutations économiques, sociales et géopolitiques prévisibles.

Quels leviers pour l’emploi ?

La France déploie une large gamme de politiques visant à favoriser l’accès à l’emploi et à assurer sa qualité en termes de rémunération ou de stabilité. Elle reste néanmoins marquée par un niveau de chômage élevé, qui connaît peu de variabilité par rapport à ses partenaires européens. L’exclusion du marché du travail affecte par ailleurs inégalement la population française, ce qui engendre des difficultés sociales croissantes. Cela invite à s’interroger sur la nature des objectifs qui peuvent être assignés à la politique de l’emploi (taux de chômage ? taux d’emploi ? qualité de l’emploi ? fluidité des parcours ?) et sur la nature des instruments sur lesquels elle peut prendre appui (dépense publique, fiscalité et transferts, politiques du marché du travail, politiques connexes).

Dynamiques et inégalités territoriales

La dynamique des territoires est au coeur des défis de la croissance inclusive, de l’emploi et du développement durable auxquels la France fait face. Pour la décennie à venir, on doit s’interroger sur la possibilité de combiner une croissance soutenue – dont les principaux moteurs sont aujourd’hui dans les concentrations urbaines – avec une réduction des inégalités à la fois entre les individus et entre les territoires. Faut-il privilégier un traitement individuel des inégalités ou une réponse au niveau des territoires ? Comment libérer le potentiel de croissance des métropoles tout en assurant une amélioration de la situation et du bien-être de l’ensemble de la population ?

Ambition et stratégie climatiques

L’Accord de Paris, adopté à l’issue de la COP21, modifie notre vision de la lutte contre le changement climatique et nous oblige à envisager le passage à une société sans carbone à moyen terme. Avec une réduction de plus de 20 % de ses émissions de gaz à effet de serre depuis 1990, la France semble bien partie. Atteindre un objectif de neutralité carbone dans la deuxième moitié de ce siècle n’est cependant pas acquis. C’est la question de l’ampleur et du rythme des efforts que nous devons réaliser dans les dix à quinze prochaines années qui est posée, et celle des priorités à sélectionner pour être à la hauteur du défi.

Le temps du débat

Sociales, économiques, environnementales…, toutes ces questions ne seront pas également au coeur des controverses entre les candidats à l’élection présidentielle de mai 2017. Elles seront néanmoins à l’agenda des gouvernements pour les années à venir, et interviendront dans les choix des citoyens. Elles méritent donc un éclairage méthodique, objectif et non partisan.

 

France Stratégie invite ceux qui, soucieux de la qualité du débat public, souhaitent l’enrichir avec des faits et des analyses, à participer à cet exercice d’objectivation en contribuant aux échanges qui seront organisés dans les mois à venir sur l’ensemble de ces questions.

Aucun des documents publiés dans ce cadre n’a vocation à refléter la position du gouvernement.